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Canada

Canada

 

Paris, 2012

Je suis casanier.

Je ne parle pas anglais.

Je n’ai jamais pris l’avion.

Et puis finalement, une rupture conventionnelle passe par là, une autre moins conventionnelle aussi d’ailleurs, puis la photo… la photo qui rend curieux, des lieux, des gens, de la lumière… la photo qui devient doucement mon métier et me donne envie de sortir de ma zone de confort, de partir, d’explorer… et franchement quoi de mieux pour explorer qu’un road trip à travers le continent nord-américain ?

J’ai donc pris mon sac à dos, mon PVT, et je me suis envolé pour Montréal, sans autre plan que de rejoindre San Diego un jour ou l’autre.
J’arrive en mai à Montréal, où l’hiver est bien fini et où le printemps érable et la révolution des casseroles agitent les jeunes et moins jeunes qui revendiquent et manifestent, parfois dans le plus simple appareil.
Après quelques mésaventures et surprises administratives, je deviens l’heureux propriétaire d’un Dodge Grand Caravan (renommé Prosper), qui m’accompagnera fidèlement pendant ce long road trip de 8 mois.

Il va être bien difficile de résumer ce road trip en quelques mots…
Je laisse le soin à mes photos de vous décrire ce que j’ai pu voir, et pour le reste…

Pour le reste je peux vous raconter les mouches noires du Saguenay et les moustiques de Banff qui m’auront laissé une forte impression… cutanée, l’attraction touristique relativement décevante qu’est Niagara Falls, les villes nord-américaines qui sont un paradis pour la street photo, le blast que j’ai vécu au Saskatchewan en contemplant ses plaines à perte de vue, l’Icefield Parkway et ses panoramas fabuleux sur les rocheuses canadiennes, les parkings de Wallmart qui m’ont vu camper partout sur le continent, les 6 mois de régime macdo, le passage de la frontière américaine à Port-Angeles et la fouille minutieuse de mon van par des agents hilares, la peur que j’ai eu de voir ma voiture se remplir de sable pendant une tempête dans la Death Valley, la contravention de 90$ pour mauvais parking à Venice Beach…

Et puis finalement, je vous parlerai de Lloyd, gérant d’un hostel à Thunder Bay, montreur d’ours en milieu quasi naturel, et pourvoyeur de gros câlins, et de sa femme Willa, qui se battait contre le cancer avec le sourire. Je vous raconterai ma rencontre avec Edward, qui m’a invité au resto à Malibu pour mon anniversaire. Je vous dirai le plaisir que j’ai eu à discuter avec Kerria à Vancouver, jouer au billard avec Simon à Jasper, prendre Eleanor en stop, regarder le débat Romney-Obama avec Father Tom à San Francisco… et tant d’autres.

Bien sûr il y eut aussi les moments de doutes, la solitude, les pannes, la santé qui vrille, le genou qui grince… mais putain c’était bon !
Ma voiture était ma maison, le parking du Wallmart était ma terrasse… et finalement, le continent entier était mon jardin.
Hors de ma zone de confort, j’ai finalement ressenti un peu de liberté, de plénitude, beaucoup de curiosité… et j’aurai pu vivre ça plus intensément si je ne m’étais pas un peu trop concentré sur les photos, mais ce sera l’objet d’un autre voyage et l’occasion de revenir !